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    'Terreur ou therapie? Arnaud Desplechin et les metamorphoses de la lettre brulante'

    Asibong, Andrew (2016) 'Terreur ou therapie? Arnaud Desplechin et les metamorphoses de la lettre brulante'. In: Irvine, M. and De Viveiros, G. and Schwerdtner, K. (eds.) Risques et regrets: Les Dangers de la lettre. Quebec, Canada: Editions Nota Bene. ISBN 9782895185062.

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    Abstract

    Deux films d’Arnaud Desplechin, Rois et reine (2004) et Conte de Noël (2008), contiennent une terrible scène de lettre kafkaïenne. Dans chacune des deux séquences un personnage féminin reçoit une lettre, écrite par un parent masculin (son père, son frère), stupéfiante dans son intensité inouïe. Pendant que la femme (la fille, la sœur) lit cette lettre silencieusement, Desplechin nous montre l’auteur-parent, devenu bizarrement spectral, qui lit son œuvre à haute voix, son regard éhonté dirigé vers la caméra. Chacun de ces hommes-spectres a pris le risque, en écrivant sa lettre cauchemardesque, de briser les « vérités » sur lesquelles la famille est bâtie. Qu’espère-t-il obtenir au juste en prenant ce risque? Desplechin semble proposer l’idée d’une gratification épistolaire qui va au-delà de la sécurité familiale. S’agit-il d’une violence pathologique ou bien un devoir nécessaire pour la renaissance spirituelle de tous ? Dans cet article je voudrais analyser la fonction de la violence affective véhiculée par ces deux lettres fantomatiques. Si la lettre que reçoit Nora de la part de son père mourant dans Rois et reine sert de contenant psychique pour une expression de sentiments intolérablement pervers – la lettre brûle sa destinataire de façon fantastiquement physique – celle qui est écrite par Henry à sa sœur aînée Elisabeth a pour fonction de représenter enfin une situation de violence familiale dont il a été lui-même la victime. Chaque lettre incarne, donc, des éléments d’un abus jusqu’à ce point refoulé ou désavoué, en tout cas inavouable dans le cadre de la représentation familiale. Comment le cinéma de Desplechin gère-t-il cette dimension périlleuse de la lettre ? Comment nous montre-t-il les différents côtés de l’acte de transgression épistolaire, tantôt un geste de quasi-viol parental, tantôt une forme d’auto-défense purificatoire presque fanonienne ? En quoi la lettre dangereuse chez Desplechin prépare-t-elle le chemin pour de nouveaux rapports (post-) familiaux ?

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